Une pause pour rassembler mes esprits avant d’attaquer la longue journée exaltante qui m’attend. Remplir et déposer le dossier de cmu, courir après une assistante sociale compétente s’il s’en trouve, appeler les gens qui contrôlent mes revenus pour savoir s’il n’auraient pas, par hasard un mail où je pourrais leur envoyer le document qu’ils me demandent, écrire mon courrier de recours pour la Banque Postale et lui demander comment il se fait qu’elle se permet de me coller plus de 100 euros de frais en un mois alors qu’on me refuse un prêt sous prétexte que je ne peux pas le rembourser. « Il ne faut pas faire de chèques » dit la dame, la question de savoir comment je vais faire pour manger sortant apparemment son champ de réflexion.
Autant d ‘activités riches et productives qui ne feront rien avancer d’un iota mais qui m’occuperont et donneront de quoi s’occuper à quelques fonctionnaires.
C’est ainsi qu’on occupe les pauvres, leur trouvant dans cesse de nouveaux labyrinthes à cartographier. Être pauvre, c’est un boulot à plein temps. Ça ne vous laisse guère le loisir pour autre chose. J’écris des poèmes entre deux portes, trois coups de téléphones vains, quatre recherches inutiles. J’écris des poèmes en douce comme lorsque enfant, j’écrivais au lieu de faire mes devoirs. À presque 50 ans, j’en suis encore à écrire en catimini, à écrire en dépit de « l’aide » qu’on m’octroie, la poésie sauvant ce qu’elle peut, se sauvant comme elle peut.