Ennui

Je m’ennuie

C’est l’ennui de l’ennui. Le triste ennui, le plat ennui, le morne ennui.

L’ennui zézaye comme un pinson enroué. Le petit cheveu sur la langue d’un ton empéché. « Cours, crie l’impatience ! » « Endure, murmure un fond de sagesse bien enfoui réveillé par l’ennui ! »

Hâte toi d’attendre, savoure les secondes, minutes, heures, jours, semaines, mois.

Tellement de gens surmenés. Et moi qui m’ennuie ! Mais d’un ennui !

Ne pas penser à des choses à faire. Ne pas penser à des endroits où aller. Ne pas penser à des choses à dire. Ne pas penser à des choses à penser.

Ne pas attendre. Ne pas espérer. Ne pas s’agacer de ne rien faire. Ne pas culpabiliser. N’accuser rien n’y personne.

Se contenter d’être là.

Paris-Harry’s

02/03/2019
Un des bars les plus mythiques de Paris et j’y suis, moi. Tranquillement posée. Bon, dans les livres, c’est toujours là que le héros en détresse ou pas vient retrouver ses contacts les moins louches, quoique, sait-on jamais. On se demande, on passe son temps à se demander. Sait-on jamais quel redoutable tueuse de sang-froid se dissimule sous l’aspect d’une paisible boulangère. Mais je m’égare, il n’y a pas de boulangère au Harry’s bar. Toujours sélect. La crème de la crème, que des bons. Alors voilà, j’étais là au Harry’s bar, attendant mon contact tranquillement en apparence, les mains secrètement moites, j’avais eu une nuit pénible et une longue journée. La carte bleue avait chauffée mais enfin je sentais bon, vêtue de neuf de pied en cap. Coiffée et manucurés. Bijoutée et maquillée. Mon hôtel réservé, j’étais sereine. Plus que ce dernier rendez-vous et j’en avais fini. La retraite, enfin.
 
(A suivre, quoique)

Le matin de Noël

Il faudrait vivre sa vie comme un enfant au pied du sapin de Noël. Au moment d’ouvrir le paquet. Le déballage. On regarde le paquet. S’il est gros, s’il est petit. La couleur du ruban. La déco du papier. On le secoue un peu. On écoute le son pour essayer de deviner ce qu’il y a dedans.
La vie, c’est quand même un sacré paquet surprise, non ?

Bien sûr à force de se prendre les tuiles on a tendance à marcher en rentrant un peu la tête dans les épaules

On devient un chat des rues qui griffe quand on veut le caresser. Dès fois on se laisse un peu apprivoiser. Mais toujours lorsqu’une main s’approche, on rentre la tête, on offre pas la joue.

On a oublié la magie du matin de Noël, avant l’ouverture des cadeaux. On est devenu vieux.

Quelque fois, ça vous prend jeune.

Le minitel

(Sourire en imaginant la tête dégoûtée de l’algorithme Google qui va devoir gérer un titre pareil. Le what ? Je sens que ça va faire avancer mon référencement tiens !)

Quand j’étais jeune certaines de mes relations s’étaient organisées une soirée de groupe au restaurant. Ils faisaient en réalité connaissances. La plupart s’était rencontrés via le minitel. Le minitel, tu te souviens Papy ? Les sites de cul, les ancêtres Troll. Bref.

Un personnage détonnait dans le groupe. Un mec pété de thunes ou qui le faisait (bien) croire, accompagné de son chien.
On m’a raconté qu’il avait engueulé une serveuse qui avait apporté un steak trop cuit pour son chien.
Une chance qu’elle ne lui ait pas apporté une assiette des pâtes qu’on nous propose ici. Elle serait morte.

Les chaises musicales

Comme il n’a pas assez de place dans les foyers d’accueil on a réinventé un jeu qui faisait déjà le bonheur de nos arrières-grands parents avant guerre. Ne me demandez pas quelle guerre. Ce blog visant l’immortalité, les dates ne doivent pas être trop précises. Et comme, il semble plus compliqué de commander un hébergement pour 20 personnes qu’un porte-avion, les générations passeront avant que le problème soit réglé. Mais passons.
Donc, les hébergements sont attribués (je n’ai pas compris par qui, le 115 je crois) pour la semaine. Tous les lundi, il nous faut faire à nouveau nos paquets et nous présenter à la P.A.O. pour savoir où on va la semaine suivante. Si on va quelque part. Car il peut ne pas y avoir de place. Donc on compte sur le fait que quelqu’un ne se présentera pas pour libérer une place…
Charmant, n’est-il pas ?

La SDF et les Gilets jaunes

Je n’ai entendu aucun Gilets jaune demander une hausse des minimas sociaux, dit-elle. « Les Gilets jaunes » est essentiellement un phénomène de classe moyenne voire de classe moyenne supérieure. Le pire étant de lire sur Twitter des « contres Gilets jaunes » s’en prendre à ceux qu’ils prennent ou veulent faire prendre pour des rsastes. Et en les stigmatisants évidemment.
Non m’sieurs-dames, les Gilets jaunes ne sont pas des rsastes. Ils ont des maisons où ils rentrent dormir et ils ont une ou deux voitures.
Au final, tout la monde se réconciliera comme d’habitude sur le dos des plus pauvres, ces pelés, ces galeux. Et ils pourront dormir tranquilles. Les plus pauvres n’ont pas les moyens d’acheter de l’essence pour les cocktails Molotov.
Nota Bene : j’ai connu pas mal de rsastes qui pouvaient compter sur la famille ou sur des proches pour payer les factures d’électricité ou se faire offrir un repas ou des extras (cinéma ou autre) de temps en temps.
Pour ceux qui n’ont vraiment personne, la vie est vraiment dure.
A noter aussi que le RSA est une affaire qui marche. Ça fait travailler plein de gens et ça rapporte des intérêts à toutes les banques et organismes sur lesquels cet argent transite. Je le répète le RSA rapporte. Peut-être 10 fois plus que ce qu’il coûte.
Tu la vois bouger, dis, la ligne ?
Et si on arrêtait d’être hypocrite en 2019 ?

Voyage, voyage

Murs lépreux, chauffe-eau qui goutte, chiottes qui fuient, pâtes qui collent et oreiller qui pue.
2019 commence en fanfare mais ressemble comme deux gouttes d’eau à 2018. On me dira : « tu es toujours mieux là que dehors ! » Certes. Néanmoins il me semble que l’hébergement est payant et que, même si ce n’est pas moi qui paye, je ne vois pas pourquoi je devrais supporter sans broncher des prestations aux dixième des prestations offertes aux autres clients. A moins que le prix demandé soit au dixième du prix des prestations offertes aux autres clients. Ce qui m’étonnerait. Et je ne parle même pas de la télé qui flanche, des cataractes des chiottes du voisin du dessus, des raclements de gorge intempestifs et des gloussements des jeunes gens qui forment la clientèle.

Alors, je bronche.